Faim. [LIBRE]

Dans la vie, rien ne semble impossible... Mais lorsque vous avez l'éternité ?

La nuit, une nuit éternelle, une infinie de possibilités s'offre à vous, comment ne pas tomber dans l'ennuie ? Le pouvoir de la raison n'existe plus. Des crimes, de la débauche, des envies, des passions, des infinités d'options... Plus rien n'a d'importance pour Reese, il ne désirait rien d'autre que la pérennité de son espèce, la perpétuité de ses actions, le besoin d'en avoir encore, le pouvoir de persuasions, le pouvoir de tuer, le pouvoir du sang et ne pas avoir de regret... Encore, encore, encore. Voilas ce que lui susurrait cette petite voix dans sa tête, encore, encore, encore...

Le crépuscule, l'ombre, la nuit, la douceur de la lune sur ses traits magnifiques, l'envie de sang, il l'appelait encore. Rien de plus excitant que le désir. La passion et la tragédie qui s'en suivait. Aucun remord. Tout était tellement plus simple, tout était tellement plus doux lorsqu'il entendait cette voix. Il savait ce qu'il devait faire, il savait pourquoi il ressentait la puissance du feu qui irritait sa gorge lorsqu'il sentait, il sentait le sang. Coulant dans les artères, faisant frémir la peau, coulant au rythme du coeur qui battait, bientôt il ne battrait plus. Quelle douce pensée, mordre. La chair tendre, la chair qui vous enivre, celle pour qui vous feriez tout. Plus rien n'a d'importance dans ces circonstances, plus rien ne vous vient à l'esprit, juste cette soif, une soif déchirante, qui vous lie les entrailles, qui prend toute la place dans votre tête. Vous donneriez tout pour connaître, il le connait.
Reese connaissait trop bien ce sentiment de vide, il souhaitait partir chasser, il voulait faire mal, la passion son vice. La passion d'écarquiller les yeux d'horreur de ses pauvres petites victimes, celles qui ne le connaissaient pas, celles qui n'avaient pas peur... Comment décrire le sentiment de puissance qui l'envahissait quand certaines de ses victimes tentaient de s'enfuir, quoi de plus humain ? Il riait souvent à cette pensée, humain... Oui il l'avait été jadis, mais plus rien ne comptait pour lui à présent, le désir du sang l'envahissait tout entier. La nuit tombait, le soleil se couchait, les personnes saines d'esprit rentraient chez elles. Mais quoi de meilleurs que de rencontrer une personne qui voudrait se faire peur ? Il lui en donnerait de la peur, il lui en donnerait du frisson, des frissons et plus jamais il ne se relèverait de cette attaque. Le sang. Appel primitif et sanguinaire, nul vampires ne peut s'en passer. Rien de plus puissant, l'appel du sang.

Reese se promenait dans les bois, il ne voulait pas traquer, il attendrait que sa proie arrive d'elle-même. Pourquoi s'embêter alors que le coin était très fréquenté ?
Ses pas ne s'entendaient pas, il coulait sur la terre, faisant à peine trembloter les feuilles sous lui, frôlant de ses pas léger la terre. Le vent sur lui se brisait comme s'il avait été un rocher. Sa peau ne frissonnait pas, car il n'avait pas froid, il n'était habillé que d'une chemise et d'un jean. Ses cheveux, le plus humain chez lui, bouger au gré du vent. Il n'aimait pas trop, cependant, attendre. Rien ne lui procurait plus de plaisir que de tomber par hasard sur un bon repas. Tout d'un coup le vent changeait de direction et le vampire sentit une présence un peu plus à l'Est de sa position actuel. Il huma l'air, toutes les particules de la forêt, les odeurs, la mousse, la terre imbibait d'eau, l'odeur des plantes, tout étaient atténués par l'odeur d'un humain et par cette odeur de houx et de lavande, Reese sourit, c'était l'odeur d'une jeune fille. Tout de suite sa gorge se mit à chauffer, sa gorge devint brulante, elle voulait ce qu'il sentait, il n'arriverait pas à apaiser cette soif. Brulante, lancinante et le doux parfum de la jeune fille se faisait plus intense, elle se rapprochait. Reese ne souhaitait plus que ça, la prendre dans se filets, lui faire mal, il voulait voir la terreur écarquiller ses yeux, il voulait sentir la peur transpirait de tous ses pores, il la voulait.
Se mêlant parmi les arbres alentour, ne faisant aucun bruit, il ne se tenait plus, plus rien n'avait d'importance à cet instant, le sang, le sang, ses mains se crispaient sous l'effet de la tension qui émanait de lui, ses doigts blanchirent sous la pression. Elle passait tranquillement devant lui, elle n'avait pas l'air de savoir ce qui se préparait, d'ailleurs elle ne le savait pas. Ses pas étaient légers et sur la terre ils sonnaient sourd. Reese appréciait la démarche de la jeune femme, ses traits étaient tirés, par le manque de sommeil sans doute, sa peau était d'une couleur d'ivoire, moins blanche cependant que celle du vampire. Il émanait d'elle un parfum profond et intense. Ses cheveux couleur du soleil étaient teintés de blanc par la lune, ils étaient d'une couleur indéfinissable, elle soupirait à présent et Reese décidait qu'il avait suffisamment attendu, la soif se faisait ressentir. Il passait derrière elle, elle le vit et se retournait, elle écarquillait les yeux de surprise devant un tel compagnon. Elle se fendit d'un sourire, un peu triste. Reese mit sa tête de côtés, ses yeux rouges, flamboyant d'intensité, la jeune femme se décomposait à vue d'oeil quand elle remarqua les traits si parfait du jeune homme, elle prit peur et se sauvait.
Le sourire de Reese se tordit sous l'effet de l'excitation, il l'a laissé courir pendant une vingtaine de minutes, elle était épuisée, elle haletait et son coeur battait plus vite, le sang circulant à une vitesse qui en donner le vertige à Reese, il ne fixait, à présent que sa gorge, son artère principal, il aimait trop ce petit jeu, qui, cependant le lassait vite. Maintenant il l'a désiré, il la voulait, il voulait son sang, il voulait s'abreuver. Il avait très faim.

Le corps de la jeune fille s'étendait à présent par terre, autrefois là où elle avait crié de peur, dans un dernier souffle il repoussait la carcasse, n'étant plus qu'une marionnette, elle ne lui servait plus à rien. Il commençait à reprendre ses esprits quand un nouveau souffle vint se joindre au siens. Il ne l'avait pas entendu s'approcher. Ses yeux à présent, luisant d'un éclat rouge à faire fuir quiconque se tournèrent en direction de la source de la respiration, c'était un vampire, de toute évidence.