Peace - Millie & Ael.

Les paupières closes, les nerfs à fleur de peau à force de devoir copier les gestes des humains du mieux qu’il le pouvait, le jeune homme comptait les secondes, et même les microsecondes, jusqu’à ce que la sonnerie de fin des cours retentisse, ses jambes croisées fermement sous son pupitre, dans un geste qu’il se forçait à accomplir, par soucis de normalité. Il n’avait pas de voisin cette heure-ci, et c’était presque tant mieux, puisqu’il n’avait pas besoin de se forcer à respirer. Personne ne s’amuserait à regarder si sa poitrine se soulevait et se rabaissait bel et bien. Il rouvrit finalement les yeux, lentement, et rangea ses affaires en moins de temps qu’il ne fallait pour dire bonjour, et à l’instant où ses oreilles captèrent les premiers tintements de la cloche, il se leva de sa chaise et sortit hors de l’école, suivit d’innombrables autres élèves. Les muscles de son dos semblaient rouler sous sa peau parfaitement satinée, cela se remarquait même au travers de ses vêtements, pourtant il ne s’en souciait pas. A vrai dire, il ne se souciait pas de grand-chose, ni aujourd’hui, ni jamais. Bien sûr, certaines choses le captaient pendant un peu plus de temps que d’autres, mais les minutes étaient souvent comptées, et lorsqu’il s’intéressait de manière quotidienne à quelque chose, ce n’était techniquement pas de son plein gré. Sauf concernant cette fille, du moins, en partie. On lui avait bel et bien demandé de la suivre, de détailler le moindre de ses mouvements, de capter les moindres compositions de sa fragrance naturelle, et il s’avérait qu’il le faisait avec une certaine délectation. Elle n’était pas la plus belle fille qu’il avait vue de sa vie, en quatre cent trois ans, il avait eu le temps d’en voir bien d’autres, et puis c’était une humaine, mais quelque chose la démarquait considérablement, sans qu’il ne s’explique pourquoi. Ses longs cheveux blonds, lorsqu’ils étaient soulevés par une brise, dégageaient une odeur plutôt appréciable, et le mouvement de ses hanches lorsqu’elle marchait, était un spectacle que l’on ne pouvait vraiment pas qualifié de mauvais. Ses vêtements trop courts, même si légèrement vulgaires, n’étaient pas pour lui déplaire, et cette façon qu’elle avait d’être remarquablement présente sans même dire un mot, attirait considérablement le jeune homme, si l’on pouvait le qualifier de la sorte. Comme à chaque fin de journée, il la suivait discrètement et l’accompagnait dans tout ses mouvements, sans même qu’elle ne s’en rende compte. Lorsqu’elle était immobile, il l’était aussi, et fixait ses prunelles sur elle. Parfois, elle semblait presque s’en rendre compte, et il la quittait immédiatement, mais d’autres fois, lorsqu’il estimait être parfaitement hors d’atteinte, extrêmement bien caché, il se permettait de l’observée plus longuement. Elle s’appelait Milligan, du moins, tout le monde la surnommait Millie. Et généralement, elle était souvent rejointe un personnage tout aussi captivant qu’elle-même. Seulement, le jeune homme n’arrivait pas à cerner ce dernier, il le ressentait comme complètement détaché, bien qu’effectivement captivant, mais n’arrivait pas mettre le doigt sur les particularités qui faisaient de lui quelqu’un d’identifiable même au milieu d’une foule immense. Les deux adolescents s’était arrêtés au coin d’une rue, pas très loin de l’école cependant, et Vaast avait fait de même, se cachant dans les ruelles les plus proches, sortant parfois de l’ombre pour les étudiés tandis qu’ils discutaient ou mangeaient quelque chose. Prudent, il fit quelques pas en avant, et fut prit au dépourvu lorsque les yeux du garçon croisèrent son regard. Précipité, il fit un brusque demi-tour et sa première idée fut de s’enfuir, pourtant, aujourd’hui, la confrontation semblait immédiate. Des pas se rapprochaient, et il n’avait malheureusement aucun doute sur l’identité de la personne qui avait cette audace.